Épilogue irlandais 2022

Ben voilà, je reprends les bonnes habitudes en me chargeant de l’épilogue consacré à nos trois semaines irlandaises.

La traversée

Oui, l’Irlande est une île et donc, la traversée en bateau est obligatoire. Traverser la mer d’Irlande, le Fastnet.

Le Fastnet 1979. A cette époque, je faisais de la voile depuis 8 ans déjà, les voiliers me fascinaient et les marins de cette époque étaient des légendes : Eric Tabarly, Olivier de Kersauzon, Philippe Poupon, Florence Arthaud, Alain Colas, Bernard Moitessier, Isabelle Autissier, liste non exhaustive comme on dit. Durant l’été 1979, la course du Fastnet a marqué d’une pierre noire l’histoire de la course à la voile. Le Fastnet est un rocher surmonté d’un phare à la pointe sud de l’Irlande, pas très loin de Mizen Head. La course consiste à en faire le tour en partant de Cowes en Angleterre et retour à Plymouth.

Mais cette année-là, une violente tempête a décimé les concurrents. Sur 806 participants, seuls 86 seront classés à Plymouth, 75 bateaux chavirent, 5 coulent corps et bien et malheureusement, on déplore 18 morts.

Lors de mon premier voyage en Irlande il y a une trentaine d’années, l’aller et le retour se déroula dans la cabine, un seau à portée de main. Oui, le mal de mer, violent le mal de mer. En mer d’Irlande.

Alors cette fois-ci, Mercalm n’étant pas médicalement indiqué, j’ai tenté l’hypnose. Bon, ça n’a pas marché, je me suis endormi ! Et pourtant, je n’ai pas été sujet au mal de mer, ni à l’aller, ni au retour. Donc, ça a marché !

Le parcours

Arrivant à Cork, il est tout indiqué de partir vers le sud en longeant la côte puis de remonter par l’ouest vers Galway et le Connemara et enfin, retour à Cork en passant par Dublin. En arrivant sur place, on a découvert qu’une route fait ce parcours en longeant la côte, la Wild Atlantic Way, avec une signalétique reprenant les initiales de cette route. Et oui, les mots en italiques sont du gaélique.

Lors de la préparation du voyage, nous nous sommes est vite rendu compte qu’il nous fallait réserver nos hébergements, ce que nous avons fait. Et bien nous en a pris ! En effet, au fil des jours, les disponibilités s’amenuisaient avec une augmentation des prix, le tout en lien avec une affluence de touristes ! Donc, Bed & Breakfast en majorité mais aussi trois hôtels avec piscine, histoire de se ressourcer. Là, ce fut une erreur. Les hôtels sont très chers, environ deux fois plus chers qu’un B&B.

Très vite, les réservations se sont enchainées, le parcours prévisionnel s’est affiné pour un total de 3000 kms. Mais évidemment dans la réalité, dès qu’une petite route se dirigeait vers un coin nous semblant digne d’intérêt, le compteur kilométrique s’envolait pour un total irlandais de 4300 kms. Sur 21 jours.

Ce parcours et ces réservations, il a fallu les graver dans le marbre à l’aide d’un clavier d’ordinateur et d’une imprimante. Nous sommes donc partis avec un Livret de voyage recensant les points à voir, les lieux à visiter, le trajet et les adresses de nos hébergements. Bien pratique.

Les Bed & Breakfast

Si l’on excepte le Danabel, le tout premier B&B dans le joli petit port de Kinsale, rien à dire sur les B&B, ils sont propres, bien équipés, les hôtes sont charmants, accueillants et parfois offrent de jolis surprises. Ceux qui nous ont laissés un excellent souvenir ?

  • Le Heron’s Cove, au fond d’une crique sur Mizen Head. Calme, une jolie vue de la grande chambre, une excellente nourriture, nous y retournerions bien pour plusieurs jours
  • An Portan Guest house, au bout de la péninsule de Dingle, un petit paradis
  • Waterfront Rest B&B, à l’ouest du Connemara, en bord de mer et sa charmante hôtesse française
  • Woodside Lodge B&B, toujours dans le Connemara et là aussi avec un hôte français et qui plus est, était dans la même classe qu’Isabelle !
  • Lodge Ballinascorney Upper, au milieu des monts de Wicklow et à 18 kms du centre de Dublin, au milieu des daims, magique !
  • Seashells B&B, près de Waterford avec vue sur la plage

Les routes

Irlande, conduite à gauche. Aucune difficulté, il suffit d’être vigilant, en particulier lorsque l’on quitte un parking car le trafic vient de la droite… Par contre, Isa a eu besoin d’un peu de temps pour s’habituer à voir des véhicules débouler en face d’elle ! Et les irlandais roulent vite ! Surtout que les routes sont étroites, très étroites, impossible de se croiser. Heureusement, il y a souvent des passing places, des espaces sur le bas-côté permettant de se croiser. Et de se saluer ! Courtoisie irlandaise !

Autre exemple : Les routes étant sinueuses, impossible de doubler un vélo. Pas de problème, les irlandais patientent derrière le cycliste pendant plusieurs kilomètres si nécessaire. Au mieux, le cycliste se gare sur le bas-côté, les voitures le saluant de la main. Cordialité irlandaise.

L’état des routes ? Si les nationales sont en bon état (ou en cours de rénovation), les petites routes sont dans un état déplorable, elles sont défoncées, pleines de nids de poules, affaissées. Les voitures et les camions rebondissent de droite à gauche, toujours à fond de train ! Et c’est sans compter les moutons en liberté !

La nourriture

Bon. Le matin, c’est un gros petit déjeuner : soit une omelette de 4 œufs avec fromage râpé, crème et émincé de légumes soit le classique Irish breakfast avec un œuf au plat, une ou deux petites saucisses, une portion de beans (haricots à la sauce tomate), du bacon (excellent), une galette de pommes de terre, des champignons à la poêle, une demi-tomate en décoration et deux tranches de pudding (boudins) blancs et noirs, le tout accompagné de café ou de thé et d’un verre de jus d’orange. C’est gras et un peu lourd à digérer, n’est-ce pas Isa ?

Le midi, nous allions dans des supérettes comme Centra, Spar et souvent chez SuperValu. A l’intérieur, on trouve de tout, comme une supérette française mais avec un comptoir supplémentaire où l’on se fait servir une barquette de salade à la demande (coleslaw, poivrons, maïs, salade verte ou de la viande genre pilon ou des ailes de poulet frits. Très pratique.

Le soir ou le midi si la météo nous interdit le pique-nique, c’est resto. Et là, le choix de l’assiette est plutôt mince :

  • Fish & chips. Frit donc mais avec du poisson de bonne qualité
  • Le saumon. Délicieux saumon irlandais ! Soit frais soit fumé, c’est toujours un plaisir !
  • Fish & chips, en friture…
  • Irish stew, un genre de bourguignon de mouton à la Guinness, plutôt bon mais rare
  • Fish & chips, quand le choix se réduit
  • Côtelettes de mouton au grill, excellentes
  • Fish & chips, si on aime
  • Viande de bœuf. bouilli, pas bon. Une fois, j’ai eu une entrecôte juste cuite comme il faut, gouteuse, un vrai régal
  • Fish & chips, en dernier recours mais c’est bon !

Les pubs

Bah oui, aller en Irlande, c’est boire une Guinness dans un pub ! Et découvrir cette convivialité irlandaise ! Alors bien sûr, il y a le plus connu, le Temple Bar dans la rue Temple Bar à Dublin.

Mais c’est aussi aller dans ces pubs de petite ville, de village où les gens viennent en famille avec femmes et enfants ou même tout seul ou toute seule comme ici dans une petite rue dublinoise.

Les maisons neuves

Évidemment, tout le monde connait ces maisons irlandaises colorées. Mais ce qui est surprenant, c’est de voir ces maisons peintes comme si elles étaient neuves et ce, presque partout, un peu moins à l’intérieur des terres malgré tout. Les pelouses sont tondues à l’anglaise, les jardins joliment décorés, un plaisir à regarder. Mais pourquoi cette sensation de « maisons neuves » ?

La raison nous a été donnée par une française vivant en Irlande : Les intempéries obligent les propriétaires à repeindre leurs maisons tous les 3 ans. Ils le font eux-mêmes au printemps, lorsque la saison des grosses tempêtes commence à se calmer. C’est également la raison pour laquelle il n’y a pas de fleurs, elles ne résistent pas à la violence des vents !

Il y a une autre raison, moins visible pour les vacanciers de passage. A cause du réchauffement climatique, beaucoup d’américains ayant les poches pleines de dollars reviennent en Irlande, le pays de leurs ancêtres. Pour la même raison, beaucoup de riches européens s’installent en Irlande. Ces nouveaux arrivants se font construire ou rénovent de belles demeures et en profitent pour décorer leur jardin. Par fierté, les irlandais font de gros efforts pour avoir de belles maisons, pour rivaliser avec ces nouveaux riches irlandais.

Ce qui nous a surpris

Un climat pas si pire, une température autour des 14 degrés, des pluies fines mais de courtes durées, du vent. Malgré tout, nous avons eu aussi un aperçu de ce qu’est une tempête en Irlande.

Surprise aussi à propos des prises électriques (grosses, les prises et sécurisé par un fusible) qui ne fonctionnent pas toujours. Pourquoi ? Elles sont équipées d’un interrupteur, le bouton rouge sur la prise de droite.

Les douches nous ont surpris par un faible débit de l’eau. Pas d’explication, si ce n’est un système de pompage individuel… Il faut dire que nous prenions des B&B dans des coins paumés et pas en centre ville.

Grosse différence avec la France, nous avons vu très peu d’interdiction, de restriction, d’où une sensation de liberté. Pas de barrière le long des falaises, parfois un panneau d’avertissement voire de limitation.

Sur les petites routes, on ne change pas de limitations de vitesse en permanence comme en France. Ici, c’est 80km/h, à toi d’adapter ta vitesse en fonction du trafic, de l’état de la route et c’est plutôt responsabilisant et absolument pas infantilisant. Et ça, c’est TRÈS agréable.

Enfin, il y a des zones où le gaélique est prépondérant, le Gaeltacht. C’est principalement dans le Connemara, dans les Comtés de Galway, Donegal , dans l’ouest de Mayo et dans certains coins du Kerry. Le Gaélique. Langue celtique dont est issu le breton par exemple. Mais c’est une langue à part entière, difficilement compréhensible (voir le panneau de la Wild Atlantic Way en haut de ce post).

Mes deux ou trois regrets

Le premier est de n’avoir pu boire une Guinness au Blue Loo, ce pub de Glengariff dans lequel nous avions déjeuné sur ses bancs, il y a une trentaine d’années. Littéralement, Blue loo signifie Les chiottes bleues. Le but est évidemment d’aller vérifier !

L’autre regret est de n’avoir pu aller au Gap of Dunloe. Il s’agit d’un col entre des vallées au centre du Ring of Kerry. C’est une petite route absolument charmante avec un pont de pierre mythique. Pourquoi n’avons-nous pu y aller ? A cause de la surexposition touristique du Ring of Kerry. Cette petite route est « privatisée » par des petites calèches tirées par un cheval. Comme la route est très étroite, on reste derrière le cheval. De plus, il semble que la route soit fermée après le pont donc avec un demi-tour obligatoire, toujours derrière une calèche. Bref, de grands parkings, pas d’interdiction mais de « fortes recommandations » qui n’incitent pas à passer le Gap of Dunloe par ses propres moyens.

Cette sur-exploitation touristique, nous l’avons vu également à d’autres endroits, comme les falaises de Moher, un peu avant Galway. Un grand parking payant, des emplacements pour les cars déversant leur cargaison et de longues files de touristes sur le chemin vers les falaises. Idem pour les falaises de Slieve League. Là, on trouve un parking et une route fermée par une barrière plusieurs kilomètres avant le point de vue. C’est la seule fois où l’on a payé et franchement, on ne l’a pas regretté. La vue est somptueuse, aérienne, bien plus belle que les falaises de Moher.

Nous n’avons été en Ulster, l’Irlande du Nord et sa chaussée des géants, entre autre chose.

Conclusion de ces vacances irlandaises

Que reste-t-il de ces 21 jours, de ces images immortalisées par plus de 4000 photos, de ces impressions, ces sentiments partagés ? Un très beau pays, une sensation de sérénité émane de ce pays balayé par des vents parfois violents, baigné par des eaux transparentes mais un peu plus que fraîches. Un sentiment de liberté aussi.

Et une très forte envie d’y retourner, de passer plus de temps au Heron’s Cove, dans la péninsule de Dingle, de flâner entre les lacs du Connemara, de remonter encore plus au nord du Donegal et bien évidemment, écouter les musiciens dans les pubs tout en dégustant des Guinness !

Enjoy !